26 ans et toutes mes dents : exutoire thérapeutique

Je crois qu'en voyant la raclée que j'ai mise à J8 (voir article précédent), J9 et toute sa clique ont eu les boules de se pointer. Alors ils sont allés voir ailleurs.

Du coup, depuis lundi, je pète la forme. Je fais mes 50 pompes par jour et j'ai repris mon entraînement pour le marathon.

Bon plus sérieusement, plus de "tête-dans-le-cul" à l'horizon, plus de sieste, appêtit redevenu normal, et j'ai été roi tous les jours. C'est la fête ! Je me suis même autorisé à mettre le nez dehors ce matin. Mais pas trop loin hein, parce que sinon Môman, ça lui fait peur.

Mais demain, promis, je dépasse la boîte aux lettres !!!

Depuis hier, je commence à perdre des poils. Ils ne tombent pas tout seuls mais si je frotte un peu, il m'en reste quelques-uns dans la main. Depuis ce matin, c'est pareil avec les cheveux.

Pour l'instant, ça ne me perturbe pas plus que ça. Je savais que ça allait arriver. Et pour l'instant, quelqu'un d'extérieur ne s'en rendrait pas compte. Ça me laisse le temps de m'y préparer.

De toute façon, j'avais prévu de me raser la tête très court avant lundi prochain. Du coup, je le ferai peut-être aujourd'hui ou demain.

Hé, ho ! Faut pas tirer la tête comme ça hein ! Y a pas mort d'homme ! C'est juste que dans quelque temps, on ne pourra plus me dire que j'ai les sourcils d'Emmanuel Chain. Na !

Edit (19h02) : Soyons logique, si je commence à perdre mes cheveux, c'est que la chimio commence à attaquer mes cellules. Donc on peut penser que ça attaque aussi mes cellules cancéreuses....
À l'attaaaaaaaaaaaaque !!!

Cette fois-ci, je sais à quoi m'attendre. Grossièrement en tout cas. Je connais les lieux, je connais l'équipe médicale, je connais le traitement. Par contre, c'est vrai que je n'ai aucune assurance quant à ma réaction physique. On peut penser que ça se passera bien comme la première fois, mais on n'est sûr de rien. Ça peut être mieux (dans ce cas, j'en profiterai pour faire mon retard sur Monsieur Muscle) et ça peut être moins bien.

Pourtant, ça ne me tracasse pas. Je suis relativement serein mais je ne veux pas me dire "c'est sûr que je vais péter la forme" et ensuite être déçu que ça se passe moins bien. Comme l'a dit un célèbre penseur (footballeur de son état) : "Il ne faut pas brûler la peau de l'ours avant de l'avoir vendue". Rigolez pas, c'est pas si con que ça hein !

Tiens, mais... Qu'entends-je ? Qu'ouis-je ? Qu'acoustiquè-je ? Mais oui bien sûr !

Note : Merci à ma p'tite soeur pour sa participation !

En relisant ce que j'avais écrit au retour de ma première cure, je me rends compte que je pourrais écrire la même chose ce soir...

Je vais bien, je n'ai pas eu non plus de vomissement, j'ai mangé correctement sauf dans les heures qui suivaient la perfusion de chimio en elle-même (en gros, j'ai zappé le repas de midi).

Aujourd'hui, j'étais un peu plus "vasouillard" mais en cette fin de soirée, je sens déjà que ça va mieux

Allez, au lit et demain, je vous raconte la suite !

J'avais prévu d'écrire hier soir, mais j'ai été atteint d'une grosse flémingite aiguë... Plus sérieusement, j'étais très fatigué et je n'ai donc pas trouvé la motivation pour sortir de mon lit. Mais je me sens quand même mieux que la première fois car je n'ai pas du tout mal au ventre (il gargouille juste un peu...).

Par contre, la fatigue peut être très grande et peut varier très vite.
Là, ce soir, ça va. Ça fait même quatre heures que je tiens le coup.

Sinon, je ne ressens aucun autre effet secondaire, donc la vie est belle.

Allez, je serai plus loquace quand j'aurai retrouvé un peu plus d'énergie.

Hier, au journal de France 3, j'ai vu des images de la manif parisienne contre le CPE. Dans la foule, un mec brandissait une pancarte où il avait traduit "CPE" par "Cancer Pour l'Emploi".

Je pense que ce mec n'a pas réalisé ce qu'il écrivait. Et le réalisateur ne s'est pas rendu compte du (non-)sens de l'image qu'il sélectionnait.

M'enfin, je vais pas leur cracher dessus non plus. Moi aussi, il m'est arrivé d'utiliser des expressions à la con dont je ne mesurais pas le sens.

Dans plusieurs mails que j'ai reçus, des amis m'ont exprimé leur embarras : c'est eux qui devraient m'aider et ils ont l'impression que c'est plutôt moi qui les rassure par ma bonne humeur. Je comprends tout à fait.

Depuis le début, tous ceux qui ont voulu m'apporter leur soutien l'ont très bien fait. Ne pas m'avoir tourné le dos est déjà une première forme de soutien. Avoir gardé votre humour en est une autre tout aussi importante. Malgré mon cancer, je suis toujours la même personne, alors si vous restez les mêmes, c'est le plus grand soutien que vous pouvez m'apporter.

Et si par hasard, certains d'entre vous ne savent pas trop quoi m'écrire, je vous propose quelques idées en vrac :
Si tu es une fille : "M, tu es vraiment trop sexy, surtout depuis que tu t'es rasé la tête."
Si tu es un mec : "M, tu es mon modèle. Chaque jour, j'essaie de te ressembler un peu plus."
ou plus particulièrement :
Si tu es mon coloc : "M, je crois vraiment que Rennes a une meilleure équipe de foot que Nantes."
Si tu es Ministre de l'Intérieur^[1] : "M, je crois que je ne serai pas candidat en 2007."